Et au coucher du soleil, passé la beauté de ses couleurs rougeoyantes et brûlantes au contact de l’eau, la plage se vide et les millions de silhouettes qui se sont perdus dans le sable fin s’effacent et disparaissent pour rejoindre la valse de la ville.
Que reste t-il alors dans ces fourrés ? Sur quoi se recroquevillent les hautes herbes ? Qui le sable peut alors porter ? Ce ne sont que des décors vides, avec le vent triste et enragé, comme unique gardien.
Entre deux touffes d’herbes, s’évadent les derniers rires d’enfants.
Quelques grains de sables s’envolent des cratères formés par les traces des gens. Et dessinent, juste derrière cette colline ou entre deux fils barbelés auxquels s’accriche fort un dernier bout de tissu, les souvenirs de la journée.
Ceux d’un horizon ensoleillé qui s’évapore déjà.
Ceux de milliers de rires échangés entre amis. Un rassemblement autour d’un feu sous le son de quelques guitares et tam tam improvisés, des bouteilles trinquées juste pour le plaisir d’être là et d’avoir sorti les bermudas.
Des dunes isolées se repaissent déjà des corps qui se sont endormis entre elles et recueillent les soupirs échappés de leurs rêves détendus.
Les vagues, lascives, effacent les traces des joggeurs venus se remettre en forme ou perdre du poids accumulé pendant l’année. Les grains de sables viennent déjà méthodiquement effacer les larmes de ceux qui sont venus se réfugier pour fuir un repas où les quatre vérités ont éclatées.
Le vent s’empresse de porter au loin les grandes discussions illuminées de ceux qui ont refait le monde, ou défait des amitiés.
Et la mer des régions froides rigole encore des quelques téméraires qui ont osé venir se baigner.
A mesure que le soleil s’habille de sa robe de chambres de nuages, et que les couleurs du monde s’évaporent, les ruisseaux essaient de garder pour des précieuses minutes les images des cerfs volants aux couleurs criardes et des voyageurs en parapentes qui ont sillonné le ciel. Peut être pour les emmener dans un autre monde, une réalité inversée dans le reflet de l’eau où nous pourrions répéter ces plaisirs à l’envie.
Tous ces sons, ces traces sont encore bien là, effacées par le grand coup de balai du vent, et la mer, émoustillée par tous ces gens qui sont venus jouer avec elle, s’endort tranquillement.
A la fin de l’été, l’image de l’océan se fait plus floue, et ses couleurs deviennent plus maussades à mesure que les gens la quittent. Mais elle reste toujours là, immortelle et sans âge, toujours présente pour nous accueillir en coulisses quand nous éprouvons le besoin de fuir la réalité.
Il n’y a plus besoin de mots alors pour décrire la joie de ces retrouvailles. Juste le son des vagues qui s’étalent sur la plage, Le vent qui précède chaque éclat d’écume. Et notre regard qui se perd si loin dans la ligne bleue de l’horizon…
Damien Virgitti
très jolie ballade ;-)merci
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