Et soudain, c’est le réveil.
Les bruits des voitures empilées sur le périph’ font place à une autre valse de sons : les cris lointains d’écoliers perdus dans les souvenirs, le souffle du vent avant de s’engouffrer dans vos cheveux, et le son de votre cœur quand une nouvelle émotion vous parcourt l’échine…
La course de la réalité se stoppe net
, comme suspendue devant un nouveau paysage qui a fait irruption. Nous ouvrons alors les yeux fatigués par le boulot de la semaine, dissimulés encore derrière d’épaisses lunettes de soleil noires teintées.
C’est le grand blanc.
Les habituelles lignes d’architectures encastrées les unes sur les autres qui dessinent la réalité volent en éclat pour redéfinir un nouvel horizon : tout n’est que fuite en avant et mouvement. La route se dérobe tout d’un coup sous nos pieds, et va se perdre dans un vaste océan de milles ondulations. Mais là où l’on pourrait prendre peur devant cette toute nouvelle ligne d’horizon dégagée de tout repère
, tout n’est justement que plénitude et sérénité.
Chaque vaguelette semble alors dissimuler derrière chacun de ses replis les différents
futurs et variantes de nos vies. Et malgré le panneau absurde d’Interdit de marcher sur l’eau, on aurait bien envie de faire son Jésus et de se laisser emporter par ce nouveau courant. Un pas de plus… et soudain, c’est toute notre imagination qui se laisse porter par tant de détours et contours tracés, tant de pureté et de vertige. On a l’impression de voler, porté par cette couverture à la fois douce et froide, les bras écartés vers le ciel. Plus rien n’a alors d’importance, toutes contrariétés dispersées aux quatre vents entre le bleu de la mer et du ciel qui semblent se répondre dans l’écho d’un nouvel espace infini.
Alors, l’esprit se sépare définitivement du corps dans une explosion d’eau. Chaque molécule de nos vêtements, de notre corps, de nos petites habitudes et de nos souvenirs se disperse
et retombe
en perle scintillante sur l’eau. Là, nos joies d’enfants, ici nos petites prises de têtes du quotidien, et au loin, très loin, nos larmes de désespoir qui nous épuisent. D’innombrables particules de vies qui tracent malgré elles un nouveau chemin comme tissé par le soleil lui-même le long de sa toile mouvante.
Un chemin vers un au delà, au delà, du ciel de la terre, de nos petites peurs, de nos doutes idiots… au delà de tout… Alors, qu’attendez-vous ? allongez la main, risquez-vous à faire le premier pas, sautez cet absurde panneau d’interdiction… et laissez-vous emporter…
Damien VirgittiPhoto N°4
ISO:
200Exposition:
1/640 sOuverture:
5.6Longueur focale:
200mmEDITJe ne suis pas convaincue par le choix de ma photo...est ce qu'une version recadrée vous parle plus ou bien je choisis une des autres images?