vendredi 8 juillet 2011

Projet 52 : En ville

Le soir, elles ferment toutes leurs portes, comme des bons moments qui se figent arrivés à l’heure du dîner.

Pourtant, elles ont beau faire leurs invisibles, impossible de les rater quand on se promène le long de la jetée. Elles restent alignées, droites et austères, comme des gardiens de mer.

On passe devant elle, tournant autour de ces curiosités pour partir à la recherche des milles trésors qu’elles renfermeraient et de l’identité de leurs propriétaires.



D’abord, il y a leurs noms, tous lié de près ou de loin à la mer : « Opale », « Vent du large »... Certains prêtent évidemment à sourire, et on s’embarque dans milles délires tout en s’assurant que le propriétaire n’est pas encore dans le coin.

Puis il y a leurs couleurs qui en disent long sur leurs usages : bleu clair, bleu foncé pour les cabines familiales, blanches pour les plus fonctionnelles ou rayées pour ceux qui veulent conserver les couleurs locales…


Les planches sont même parfois lézardées de dessins comme cette fine silhouette d’un Corto Maltese accoudé aux joints de la porte. On se dit que le propriétaire de ces lieux aime perdre son regard mélancolique dans des paysages marins dignes des plus belles cases d’Hugo Pratt. On l’imagine même murmurer moult légendes dans sa barbe qui s’évaporent dans la fumée de sa pipe en bois.

Et puis il y a les jointures rouillées, qui transpirent les années passées et montrent qu’elles ont vu du pays et bourlingué. Leurs murs semblent alors porter la barbe des grands sages et nous chuchoter à l’oreille leur héritage d’un lointain passé.

On voudrait alors pousser la porte de ces cabines qui ont l’air plus grandes à l’intérieur tant elles semblent pouvoir contenir transats, sièges bas et barbecues pour familles nombreuses. Leurs 4 murs résonnent encore de rires d’enfants et de l’amour de leurs parents attentionnés.





Perdu entre les milles histoires et les milles senteurs de ces cabines, on se retrouve soudain plongé dans une immense foule bigarrée qui nous révèle tous des habitants de cette ville. Car une à une, ces cabines composent chacune l'identité de cette ville, témoins intemporels de la culture d’une région.

Et à l’image des portes de ces cabines qui ouvrent sur un horizon noyé dans le soleil, elles nous ouvrent tout d’un coup ici sur un petit coin de paradis qu’on a tout de suite envie d’adopter…


Texte Damien Virgitti































Edit:

Un petit mot sur le choix de ces photos pour le thème. Je me rends compte que le période de l'année influe vraiment sur la manière de traiter le thème. « En ville » en plein hiver aurait certainement eu Paris comme support...mais l'été tout mon univers est bouleversé.

Dés que je peux, je quitte la capitale pour m'évader sur mes cotes marines. En observant cette enfilade de cabines, j'ai pensé à une petite ville. Une nouvelle organisation qui se met en place avec les rayons du soleil. Une petite ville comme un jeu, comme un « et si on disait qu'on jouait à la ville »...




photo de la semaine ci-dessus
ISO: 400
Exposition: 1/80 s
Ouverture: 8.0
Longueur focale: 100mm

2 commentaires:

  1. très marrante ces photos (et atypiques pour ceux qui n'habitent pas les côtes et surtout celle-ci!)
    J'aime bien ton choix final, jolie perspective.

    Sinon dans le texte il y a un sacré lapsus de toi ou de ton collègue:
    2ème paragraphe "impossible de ne pas les rater" alors ? on est obligé de les rater ou bien on ne peut que les voir ;oD

    bon après-midi

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  2. très jolies petites cabanes. J'aime en plus l'angle de prise de vue ;-)

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