mercredi 25 mai 2011

Cadenas de mon coeur

Danse métallique. Pluie d’étincelles scintillantes. Le vent s’engouffre le long des entrelacements du grillage du Pont des Arts et vient caresser de ses douces mains les milles petits cadenas d’amoureux qui ornent depuis longtemps le Pont des Arts. Ils ont bleus, roses, peinturlurés de vert, rectangulaires, carrés ou en forme de cœur. De toutes les formes ou de toutes les couleurs pour ne symboliser qu’une seule chose, une seule petite chose et pourtant si précieuse : l’Amour…


« Trop petite, peut-être… » ai-je envie de penser tout haut lorsque je m’approche de l’un d’eux et le prend au creux de ma main « mais si précieuse, qu’elle vous fait des bleus à l’âme… »

J’ai beau le retourner dans tous les sens, et le serrer très fort, il ne disparait pas et ne perd en rien de son aura. Il évoque à chaque fois les mêmes souvenirs. Fracas de rires échangés, de ma voix grave à son son cristallin. Une danse sur la pointe des pieds, emprisonnée dans un instant d’innocence, entre tous les passants du week end qui aiment s’égarer dans le quartier aux premières lueurs de l’été. Deux mains qui se joignent et qui se font une promesse. J’avais alors pris le cadenas pour écrire ces mots alors qu’elle me les susurrait à l’oreille :


« Je t’aime… à tout jamais… »

Cinq petits mots. Si vite écrits. Si vite repartis. Cinq petits mots si forts. Tellement forts qu’ils semblaient s’inscrire dans l’éternité… et en même temps, s’évaporer dans le souffle de la vie.

Et en un tour de clé, notre destin du moment était scellé. Et la clé, sans insouciance, avait été jeté par-dessus bord. Trop d’insouciance…


A présent, je voudrais tirer dessus de rage. Mais rien n’y fait, ce cadenas trop content de jouer avec les siens, s’accroche fort de ces bras potelés au grillage. Et quelque part, j’aurais trop peur de réussir, et de faire alors tomber d’un coup tous les autres cadenas amoureux. Toutes ces histoires, toutes ces promesses… De quel droit alors je viendrais briser l’amour de milles couples à la ronde ?...

Il parait pourtant que la Mairie de Paris voudrait les enlever. Une question de respect du patrimoine de la ville, ou quelques chose dans le genre… Ils feraient bien ! D’abord ca me donnerait bonne conscience, et ensuite cela éviterait à tous ces couples de se faire des fausses promesses…


Ils sont tous là sur le pont, les futurs cadenas ; ce couple espagnol qui se chamaille en se mettant des bouts de glace sur le visage, ou encore celui la sur la rambarde, qui regarde tendrement, bras dessus dessous, les bateaux mouches passer… Trop d’espoir, trop de souffrances…

La Mairie de Paris, à défaut de gérer ses lignes de métro, saura au moins faire le ménage en Amour… quitte à déclencher des grèves du Cœur ?

Mais la rumeur voudrait que ce soit pour déplacer tous ces cadenas sur un arbre dans le plus pur style Burtonien. Ou que je sois, quoique je fasse, ce petit cadenas sera toujours là, que ce soit pour me narguer en plein paris, ou en haut d’une branche. Mon passé sera toujours là, quelque part dans Paris, et impossible de le fuir…


Un Amour peut il résister à toutes les tempêtes, toutes les bourrasques ? Au lever du matin, lorsque l’arbre s’ébrouera, chaque goutte de pluie sera des millions de souvenirs qui me tomberont sur le visage pour se muer, le long de ma joue, en une larme.

Fracas de rires. Une danse sur la pointe des pieds, emprisonnée dans un instant d’innocence. Deux mains qui se joignent et une promesse. Cinq petits mots, cinq petits mots si forts qui retentissent pour l’éternité : « Je t’aime… à tout jamais… »


Les années ont passé. L’amour à fait place à des déceptions et aux blessures. Mais ou que je sois, quoique je fasse, ces beaux souvenirs existeront… « à tout jamais ». Et peut être que ce sont eux que je dois continuer à aimer, ne jamais renier, car les m’ont mené jusqu’ici.

Ces cadenas qui dansent au vent, qui voient passer tous les passants, ce n’est pas une preuve d’amour, c’est surtout la preuve d’une vie, une vie qui a aimé, qui a ri, qui a dansé, et qui a explosé pour l’éternité. Alors elle a bien le droit de s’accrocher très fort de ses petits bras potelés au grillage.


Qu’ils soient sur un arbre, ou un grillage, qu’ils se balancent au bout d’une branche ou qu’ils dansent le long d’un pont, ils continuent de faire battre mon cœur et sont la preuve d’un instant d’un instant de bonheur… que « j’aime… à tout jamais ».

Damien Virgitti


EDIT

Pour la petite histoire, le jour où j'ai pris ces photos j'ai assisté à une demande en mariage dans les règles de l'art: genou à terre, boite de velours rouge, diamant étincelant, la surprise de la future mariée, et son Oui qui se finit dans les bras du jeune homme.

La fleur bleue que je suis a adoré!


6 commentaires:

  1. Trop mimi et bien contrasté.
    Bises
    Caroline
    http://www.dreamsarepicturingtheworld.com

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  2. J'en ai des frissons...
    Mimi+ Damien, u rock!!!
    <3 <3
    C

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  3. trop bien ce pont !! j'y suis passée un jour... il y bien des années mais je n'ai vu que les peintres et pas les cadenas dommage !
    ça me fascine ces petits rien que tout ce monde à fait et qui font un gros quelque chose,une histoire
    cela fait aussi parti du patrimoine alors j'espère qu'ils les garderont (l'idéal serait quand même sur place sinon ça ne veut plus rien dire ... et les clefs ils vont aller les pêcher pour les planter dans le tronc de l'arbre !!??)

    merci pour cette découverte tous les deux ;)

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  4. C'est assez récent, moi je les ai vu la première fois il y à un an, un an et demi et ils ont disparus, mais les amoureux sont plus forts...ils en ont remis des nouveaux!
    Sinon j'ai vu la même chose il y à 7 ans à Florence sur LE pont super connus dont j'ai oublié le nom.
    Pour l'arbre, j'avoue, je ne sais pas comment ils vont faire!

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  5. Sur le Ponte Vecchio. C'est là que je les ai vus pour la 1ère fois... mais il a fallu qu'on m'explique ;-)

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  6. Magnifique, j'ai découvert les cadenas il y a peu et j'ai adoré l'idée. Et les cadenas qui sont régulièrement enlevés, pour faire ville propre? et les nouveaux amoureux qui viennent se promettre l'éternité encore et encore. J'adore.
    Tes photos sont superbes.

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